vendredi 17 janvier 2014

La « casse sociale »... sans châtiment !

Intersyndicale Nice-Matin/Var-Matin

La « casse sociale »...

 sans châtiment !

Quand on s'apprête à commettre un « casse social », l'important c'est de respecter le timing. Histoire de ne pas se faire prendre la main... dans la poche du contribuable. Alors on travaille la chronologie: ce compte à rebours, soit disant inéluctable, qui nous mène droit au redressement judiciaire. C'est déjà écrit. La broyeuse sociale en effet est déjà en marche. Le « casse social » est presque parfait.

Acte 1, on fait disparaître l'associé gênant. C'était mercredi, à la barre du tribunal de commerce de Paris. Il y a tout juste 48 heures, cette haute juridiction a défait les liens qu'elle avait elle-même tissés, un an plus tôt, entre Hersant et Tapie. Un mariage de raison pour permettre de pérenniser les journaux du sud. C'était écrit noir sur blanc dans le contrat de mariage. En cas de défaillance de son associé, Bernard Tapie avait pourtant dit haut et fort qu'il assumerait pour deux. Il a finalement dû se faire la malle, laissant le soin à son copain suisse de se sauver sur notre dos sans mettre un sou dans l'affaire... sauf bien sur ceux que l'Etat, donc vous, nous, lui avancera pour faire le sale boulot.
Pensez-vous que la justice l'aurait retenu par le col ?
Une objection, Monsieur le président du tribunal de commerce de Paris ?
« Aucune ! »

Acte 2, on vend les bijoux de famille pour financer la « casse ». C'est aujourd'hui ! Ce 17 janvier la vente de Corse-Matin pourrait être entérinée sans délai. Il faut dire que le temps presse pour Monsieur H. Si d'aventure le groupe Nice-Matin se retrouvait en cessation de paiement avant qu'il ait réalisé ce deal, une telle opération de cession pourrait bien être considérée comme un délit pénal. Il paraît même que ça s'appelle « cession d'actif en période suspecte » .
Une chose est sûre, c'est que la période elle est déjà plus que suspecte. Car la date du redressement judiciaire, on la murmure déjà à l'oreille de vos partenaires sociaux : « Ne le répétez pas, mais ce devrait être pour la semaine prochaine. Sans doute jeudi. On a juste un truc à régler avant... »
Le truc, c'est que maintenant qu'on a laissé filer l'actionnaire Tapie avec son chéquier, il faut bien trouver de quoi financer un redressement judiciaire. D'où la vente de la Corse. Un comble ? Nos bijoux de famille pour payer nos licenciements ?
Toujours pas d'objection Messieurs les juges ?
« Non, aucune ! »

Acte 3, on fait les poches des contribuables. Il y a juste un hic, c'est que la vente de la Corse ne suffira pas à sauver Monsieur H.
Qu'à cela ne tienne, les avocats de notre cher actionnaire ont la solution: on n'a qu'à utiliser des fonds publics, non?! Après tout s'il y en a qui payent des impôts ça doit servir à ça, non? Les impôts, c'est pas pour financer nos routes, nos hôpitaux, nos écoles, notre sécurité, etc... Bien sûr que non: c'est pour que l'Etat paye la facture d'un actionnaire privé. Et puis ce n'est pas comme si la famille Hersant avait quelques sous de côté! Pas comme si on leur avait effacé 160 millions d'euros de dettes! Pas comme si on les avait laissé s'associer il y a un an avec Tapie pour éviter d'en arriver là...
Toujours pas d'objection Monsieur le président du tribunal de commerce?
Toujours pas d'objection Monsieur le procureur de la République ?
A vous de nous le dire, puisqu'on a rendez-vous avec vous dans quelques jours !

                                                                                                                      Les bureaux, le 17 janvier 2014

jeudi 16 janvier 2014

L'art de faire payer la casse sociale par les contribuables

Intersyndicale Nice-Matin/Var-Matin

L'art de faire payer la casse sociale par les contribuables

Laissera-t-on faire? Comme si la morale, définitivement, n'était plus qu'une vague option dans notre Etat de droit ou dans ce qu'il en reste.
Laissera-t-on, un actionnaire privé, pourtant en capacité de refinancer une entreprise dont il est resté propriétaire (après avoir obtenu l'effacement de 170 M d'euros de ses dettes), se défausser sur les contribuables?
L'explication? On vous la fait courte. Dans quelques jours, GHM risque d'être contraint de placer notre entreprise en redressement judiciaire avec ce que cela implique de drames sociaux - licenciements secs, sacrifice des plus jeunes -, donc de casse de l'entreprise.
Si GHM choisit cette option, c'est qu'il n'a pas trouvé de partenaire pour assumer ses devoirs et que, même dos au mur, il refuse d'autofinancer ce qui lui incombe. Or, la famille Hersant a les moyens de le faire sur ses propres deniers. Rappelons qu'il faut environ 25 millions pour relancer notre entreprise.
Hersant ne les a donc pas trouvés dans la poche d'un autre, et ne veut pas les sortir de la sienne.
Sa solution? Vendre la Corse, non pas pour permettre à notre entreprise de se développer, mais pour se sauver. Et surtout faire payer à l'Etat, aux contribuables, ses propres manquements.
Comme nos salaires de janvier, le coût des futurs licenciements auquel on n'échappera pas dans le cadre d'une procédure de redressement judiciaire, ce ne sera pas Hersant qui les paiera, mais un fonds publics, les AGS. C'est l'Etat qui les avancera pour lui, s'acquittant de la facture d'un privé pour mieux permettre à ce dernier de se sauver.
La voilà, la morale de ce drôle de capitalisme made in France. La triste histoire de notre journal sous l'ère GHM devient du coup un cas d'école. Car l'argent public est-il destiné à palier les combines d'actionnaires privés? Fera-t-on en haut lieu, à la barre de nos tribunaux, sous les ors des ministères, comme si tout cela était normal... alors que Nice-Matin et Var-Matin disposent - ou disposaient - de deux actionnaires, Hersant et Tapie. Et que chacun à sa manière a les moyens d'assumer la poursuite d'activité de notre entreprise. Le premier, Hersant, investit en Suisse ce qu'il refuse de financer ici, préférant jouer un coup de poker avec l'argent public. Le second, Bernard Tapie, avait clamé haut et fort, par voie de presse – Le Parisien, les Echos, etc – qu'en cas de défaillance de GHM, il ferait le job et investirait dans Nice-Matin. En février dernier, il empruntait pour payer nos salaires. Depuis, il semble s'accommoder de son repli sur La Provence.
Laissera-t-on faire cela?! Où est l'Etat de droit? Où est le vrai capitalisme qui entreprend en prenant des risques?! AU SECOURS!!!!!!
Les bureaux, le 16 janvier 2014