Intersyndicale Nice-Matin/Var-Matin
La « casse sociale »...
sans châtiment !
Quand
on s'apprête à commettre un « casse social », l'important c'est de
respecter le timing. Histoire de ne pas se faire prendre la main... dans la
poche du contribuable. Alors on travaille la chronologie: ce compte à rebours,
soit disant inéluctable, qui nous mène droit au redressement judiciaire. C'est
déjà écrit. La broyeuse sociale en effet est déjà en marche. Le « casse
social » est presque parfait.
Acte
1, on fait disparaître l'associé gênant. C'était mercredi, à la barre du
tribunal de commerce de Paris. Il y a tout juste 48 heures, cette haute
juridiction a défait les liens qu'elle avait elle-même tissés, un an plus tôt,
entre Hersant et Tapie. Un mariage de raison pour permettre de pérenniser les
journaux du sud. C'était écrit noir sur blanc dans le contrat de mariage. En
cas de défaillance de son associé, Bernard Tapie avait pourtant dit haut et fort
qu'il assumerait pour deux. Il a finalement dû se faire la malle, laissant le
soin à son copain suisse de se sauver sur notre dos sans mettre un sou dans
l'affaire... sauf bien sur ceux que l'Etat, donc vous, nous, lui avancera pour
faire le sale boulot.
Pensez-vous
que la justice l'aurait retenu par le col ?
Une
objection, Monsieur le président du tribunal de commerce de Paris ?
« Aucune ! »
Acte
2, on vend les bijoux de famille pour financer la « casse ».
C'est aujourd'hui ! Ce 17 janvier la vente de Corse-Matin pourrait être
entérinée sans délai. Il faut dire que le temps presse pour Monsieur H. Si
d'aventure le groupe Nice-Matin se retrouvait en cessation de paiement avant
qu'il ait réalisé ce deal, une telle opération de cession pourrait bien être
considérée comme un délit pénal. Il paraît même que ça s'appelle « cession
d'actif en période suspecte » .
Une
chose est sûre, c'est que la période elle est déjà plus que suspecte. Car la
date du redressement judiciaire, on la murmure déjà à l'oreille de vos
partenaires sociaux : « Ne le répétez pas, mais ce devrait être pour
la semaine prochaine. Sans doute jeudi. On a juste un truc à régler
avant... »
Le
truc, c'est que maintenant qu'on a laissé filer l'actionnaire Tapie avec son
chéquier, il faut bien trouver de quoi financer un redressement judiciaire.
D'où la vente de la Corse. Un comble ? Nos bijoux de famille pour payer
nos licenciements ?
Toujours
pas d'objection Messieurs les juges ?
« Non,
aucune ! »
Acte
3, on fait les poches des contribuables. Il y a juste un hic, c'est que la
vente de la Corse ne suffira pas à sauver Monsieur H.
Qu'à
cela ne tienne, les avocats de notre cher actionnaire ont la solution: on n'a
qu'à utiliser des fonds publics, non?! Après tout s'il y en a qui payent des impôts
ça doit servir à ça, non? Les impôts, c'est pas pour financer nos routes, nos
hôpitaux, nos écoles, notre sécurité, etc... Bien sûr que non: c'est pour que
l'Etat paye la facture d'un actionnaire privé. Et puis ce n'est pas comme si la
famille Hersant avait quelques sous de côté! Pas comme si on leur avait effacé
160 millions d'euros de dettes! Pas comme si on les avait laissé s'associer il
y a un an avec Tapie pour éviter d'en arriver là...
Toujours
pas d'objection Monsieur le président du tribunal de commerce?
Toujours
pas d'objection Monsieur le procureur de la République ?
A
vous de nous le dire, puisqu'on a rendez-vous avec vous dans quelques
jours !
Les
bureaux, le 17 janvier 2014