vendredi 23 avril 2010

Les salariés du groupe Nice-Matin en lutte !

Retrouvez l'actualité de notre combat contre le projet de vente du siège social de Nice-Matin par le groupe Hersant sur notre blog dédié.

mercredi 7 avril 2010

Hersant fout le groupe Nice-Matin à poil


Le groupe Hersant met à nu les journalistes de Nice-Matin et Var-matin. Bravo aux collègues des Alpes-Maritimes qui ont posé à Nice ce matin avec les journaux pour simple appareil !

De nouveau en grève !

Les employés du groupe Nice-Matin, réunis en AG, ont de nouveau voté une journée de grève hier. Les titres Nice-Matin et Var-matin ne sont pas parus ce mercredi. Une réunion a eu lieu, mardi matin, au siège du journal entre Dominique Bernard, DG du groupe Hersant Media, Eric Debry, le P-d-g de Nice-Matin, le bureau de la coopérative de main d'oeuvre et les représentants syndicaux. Réunion où le n°2 de GHM a confirmé le projet de vente de notre siège social. Projet auquel les coopérateurs du journal sont catégoriquement opposés.

Une journée de tractage a été organisée ce matin à Nice, Toulon et Fréjus. D'autres actions sont prévues dans les jours à venir. La mobilisation continue.

Soutenez et suivez notre mouvement sur notre blog et sur le groupe Facebook dédié.

vendredi 2 avril 2010

Soutien du SNJ La Provence

Chers confrères,

La section SNJ de La Provence vous apporte son soutien plein et entier dans la mobilisation qui est la vôtre face aux menaces qui pèsent sur l’avenir de votre quotidien, et partage votre inquiétude quant à la volonté de notre actionnaire de vendre les murs de notre entreprise.

Le SNJ La Provence

Non au démantèlement de Nice-Matin

NON, définitivement NON à la vente du siège de Nice-Matin ! C’est la réponse unanime des salariés du Groupe Nice-Matin.

Hier, au siège de notre journal, une assemblée générale exceptionnelle du personnel réunissant plusieurs centaines de personnes a décidé, à l’unanimité, de voter une journée de grève de 24 heures en signe de protestation contre les desseins du Groupe Hersant Média qui entend vendre Nice-Matin à la découpe. Incroyable, mais hélas vrai …

Un vrai choc qui donne le sentiment à l'ensemble du personnel d'avoir été manipulé. Car loin d'être un vague projet, cette cession immobilière est très avancée. GHM ayant confié le mandat à une banque d'affaires, ce sont déjà sept investisseurs éventuels qui, en catimini, ont visité dans le courant de la semaine dernière le siège de la route de Grenoble.

Sans surprise, de façon ferme et définitive, l'intersyndicale SNJ-CGT-CGC de Nice-Matin dit NON à cette vente. Parce qu’elle augure d’un avenir noir pour notre entreprise. Parce que la cession des locaux de Nice-Matin n’a pas pour but de développer notre journal, mais de combler le passif abyssal du Groupe Hersant Média.

GHM aujourd’hui est en effet sous la tutelle d’un groupe de 19 banques et pour se sauver, assurer ses échéances, entend dépouiller Nice-Matin de ses actifs, transformant une entreprise de presse issue de la résistance en une coquille vide.

Qui viendra sauver Nice-Matin le jour où, par malheur, l’entreprise devait rencontrer des difficultés ? Plus personne. Vidée de ses actifs, de ses
richesses, notre quotidien serait alors condamné à une mort lente : un drame pour les quelques 2000 familles qu’il fait vivre, pour la démocratie et pour l’image de notre région.

Aujourd’hui, les salariés, plus que jamais, sont mobilisés. En relation avec les actionnaires de la coopérative de main d'oeuvre, ils
s'emploieront par tous les moyens légaux à remettre en cause cette opération immobilière incompréhensible.

S'il faut sauver le groupe GHM en sacrifiant Nice-Matin, la réponse est non. Cette cession est économiquement absurde, elle viendrait, en effet,
mettre à mal une nouvelle dynamique d'entreprise. Nice-Matin est une des rares entreprises de presse française qui se redresse aussi vite malgré la crise, par la pub, par l'innovation, par la multiplication de projets structurants dont l'investissement dans de nouvelles rotatives n'est pas
le moindre. Avec l'agence de Nice, celle d'Ajaccio, et bientôt celle de Toulon,d’Ollioules, on vend déjà quelques bijoux de famille…

Il n'est pas question de sacrifier aujourd'hui l'héritage que nous ont légué tous ceux et celles qui, depuis 1945, ont fait de Nice-Matin ce
qu'il est toujours: le plus grand quotidien du Sud-Est.Le directeur général du groupe GHM doit venir à Nice-Matin mardi 6 avril discuter de ces enjeux. Les salariés de Nice-Matin seront mobilisés pour sa venue.

Nice, le 2 avril 2010,
l’intersyndicale CSTN-CGT / SNJ / CGC

mardi 16 mars 2010

Information sur les négociations des droits d'auteurs avec GHM

Le groupe GHM a commencé une série de négociations sur les droits d'auteur des journalistes. Ce n'est qu'hier que GHM a enfin dévoilé ses batteries en nous proposant un premier texte qui, s'il était signé, se traduirait par des pertes d'emploi massives (même si, évidemment, GHM s'en défend).

Grosso modo le groupe voudrait, en contrepartie d'un forfait dont le montant est à déterminer, créer une "famille cohérente de presse", notion prévue mais facultative dans la loi Hadopi, où toutes les oeuvres (textes/photos/infographies/videos etc) seraient immédiatement à disposition de tous les autres titres GHM. Le discours officiel c'est de mieux faire circuler les "pépites" rédactionelles (le bon fédiv, la belle photo, le portrait etc...) au sein des titres. Reste qu'en l'état la proposition de GHM pourrait à terme permettre de remplir à moindre
coût tous les titres, quitte à perdre encore un peu plus de lectorat par manque de proximité. Le texte, en l'état, permettrait une mutualisation complète et immédiate des contenus.
Plus certainement GHM vise sans doute à agir en douceur... Après tout, on peut imaginer plein de magazines notamment qui périodiquement viendraient abonder les titres. Puis, insidieusement, car l'accord ne gère pas le management dans les rédactions, on demanderait aux confrères un papier expressément pour une circulation générale au sein de GHM...et de fil en aiguille on perdrait de très nombreux emplois. Comme de bien entendu GHM se défend d'avoir cette vision mais on sait tous la propension de GHM à ne jamais écrire ce qui les gêne et à ensuite s'abriter derrière des textes qui ne donnent aucune garantie sur l'emploi.

GHM voudrait aussi, sous couvert d'un accord collectif faisant office d'accord exprès des salariés, vendre ses contenus, sous toutes ses formes, hors du périmètre GHM (notamment pour abonder des sites d'infos en ligne).

A bien des égards la proposition de GHM est une bombe, et le SNJ est déterminé à en éteindre la mèche. La prochaine séance de négo a lieu le 1er avril, rue de Traktir (XVI°). Il nous faut déterminer d'ici là quelle attitude vont adopter nos négociateurs.

dimanche 7 février 2010

Rédaction : le livre blanc *

En préambule, il convient de souligner que chacun de nos métiers, dans la chaîne continue de l'information, a évolué au cours des 10 dernières années, parfois contre la volonté de la rédaction elle-même. Les questions que la rédaction se pose aujourd'hui dans le contexte économique et financier qui est le sien, et en tenant compte des discours de la direction du groupe comme de la direction des rédactions : sommes-nous encore journalistes, et quels sont réellement nos métiers ? Du chef d'agence au photographe, en passant par les secrétaires de rédaction, les dérives sont multiples, les pressions et le stress constants. En même temps, n'est-il pas légitime de se poser de nombreuses questions, lorsque l'on sait que directeur des rédactions et directeurs départementaux passent sans doute plus de temps à rencontrer les élus, les présidents de chambres consulaires et autres, afin d'obtenir des ventes de journaux ? Est-ce bien là l'essence de leurs fonctions ?
Une fois posé ce préambule, passons donc en revue les différents corps de métiers de la rédaction et les effectifs, en gardant à l'esprit que le rôle de chacun des maillons interfère sur le maillon suivant... Et vice-versa.

Dans les agences
Les chefs d'agence remplissent les fonctions de « SR de luxe » en passant trois quart de leur temps à relire la copie des correspondants notamment. Si le chef d'agence doit effectivement, rester maître du contenu éditorial de sa locale, ne peut-il pas « déléguer » la relecture au secrétaire de rédaction ? En substance, la réponse devrait être oui. Mais les Desks étant en sous-effectif, chaque SR ne peut légitimement, relire et mettre en page 8 à 10 pages par jour quand il n'est pas relégué au rang de « simple monteur » tenu à se partager entre deux, voire trois agences... Il est de ce fait privé de fait de toute implication éditoriale, pour ne pas dire d'initiatives. Dans ces conditions là, le sacrifice de la relecture tant sur la forme que, plus grave, sur le fond, est une fatalité inacceptable.
Premier effet : le chef d'agence est presque totalement déconnecté de la vie locale, ne joue plus son rôle d'interface entre le terrain et son équipe, sur laquelle il s'appuie tout de même.
Mais comment insuffler une dynamique et une ligne éditoriale à une locale, comment renouveler les idées de sujets, les volontés mêmes, si le chef d'agence est coupé du « réel » ?

Les rédacteurs
Ils sont en surchauffe. La rédaction travaille avec 42 journalistes de moins depuis les clauses de cession. Elle assure chaque jour son rôle malgré la fatigue, le stress, les désorganisations récurrentes. Face à cela, la réponse est en rupture totale avec les engagements initiaux de GHM pour qui, il y a tout juste deux ans « la précarité ne passera pas » par le groupe. Il nous était certifié que l'exploitation des CDD à vie ne serait plus de mise comme elle le fut sous l'ère Lagardère. Aujourd'hui, 34 CDD sont en poste dans l'entreprise: des services entiers ne fonctionnent que grâce à eux et, en retour, les promesses de GHM ne ne pas laisser un CDD sur des postes structurels ne sont pas tenues.
Alors quoi ? Alors il est urgent impératif que la direction tienne ses engagements.

Les rédacteurs sont en surchauffe (bis). Ils font des photos, certains (un par agence) travaille en parallèle pour la cellule web... et ne manque pas de remplir la tâche qui leur a été confiée en ce sens. Cette multiplication de tâches dans le contexte des agences tel qu'actuellement (sous-effectif latent...) porte atteinte au contenu éditorial. Les rédacteurs sont à leur tour moins présents sur le terrain. Exemple dans les agences où les communes sont nombreuses : certains sujets auparavant traités par des professionnels, ne sont plus aujourd'hui traités du tout. Les correspondants on le sait, n'ont pas à « être pris en otage » par une municipalité ou un opposant, l'équipe de professionnels doit garder la maîtrise des sujets dits « polémiques », sujets qui? faute d'effectif, sont traités en retard par rapport au calendrier.
Résultat : nous ne sommes pas en phase avec l'actualité, avec les attentes de nos lecteurs. Cela porte atteinte à notre image, et à nos équipes sur le terrain.

Les rédacteurs et la précarité
Il y a toujours plus précaire que soi, mais il y a des limites qui sont infranchissables. Et des réponses urgentes à apporter à ces pigistes de l'entreprise utilisés comme des salariés embauchés. Comme pour les CDD, ils permettent à certaines agences de tourner. La direction connaît leur nom. Nous aussi, et il est intolérable qu'après avoir utilisé, exploité ces jeunes gens – prêts à faire et bien faire des papiers, des photos et de la mise en page -, la direction puisse du jour au lendemain les remercier ou, pire encore, estimer qu'ils coûtent trop cher et réduire leurs interventions à dix jours par mois.
Alors il y a toujours pire. Plus pire, comme le disait Coluche. Lors du dernier congrès national du SNJ à Strasbourg, certains confrères ont évoqué les contrats de partenariats passés entre leur journal et des écoles de journalisme, en vue, non pas d'accueillir des stagiaires d'école un mois ou deux par an, mais de procéder, sous couvert de formation, à des remplacements de professionnels.
Pour le moment, le pire est ailleurs. Qu'il y reste.

Le service photo
Il n'était pas prévu, lors du rachat du groupe Nice-Matin par le groupe Hersant et les nombreux départs en clause de cession qui ont suivi, il n'était pas prévu que 5 photographes quittent leur service pour rejoindre la cellule internet (4) et le service infographie (1). Ces photographes doivent IMPERATIVEMENT être remplacés, comme s'était engagé à le faire la direction des rédactions alors. C'est tout simplement maintenir une qualité de service en terme de proximité, mais aussi une garantie minimale pour assurer locale, départementale, faits divers et sports.
Il est inadmissible par exemple, que le photographe qui couvre le match de rugby du RCT en déplacement le samedi et rentre en milieu de nuit, soit le seul photographe que l'on puisse appeler pour un reportage à plus de 40 km de son agence de rattachement le lendemain. C'est pourtant une situation régulière dans le Var. Soit il s'agit d'une très mauvaise gestion des tableaux des photographes, soit c'est inadmissible.
Par ailleurs, en matière de photos, il n'y a pas à notre sens de « petite locale » et du reportage. Il y a des sujets de locale qui doivent régulièrement faire l'objet de sujets de Une, et on se rend bien compte que sans photographes professionnels en agence, on ne peut pas produire de sujets de locale pouvant donner lieu à une photo de une. Alors que le discours officiel est « priorité aux locales et aux informations de proximité », cette même proximité ne se retrouve pas en images à la une. Nouvelle atteinte à l'image de nos titres, à notre crédit.
Petit rappel sur l'accord photo à ceux qui accusent les rédacteurs de ne pas l'appliquer: on n'a jamais vu un simple soldat donner des ordres à un général comme on n'a jamais vu un rédacteur faire son propre tableau de service. A quelques exceptions près, (presque) toute justifiées, aucun rédacteur – dès lors qu'il a signé cet accord – n'a refusé de faire une photo qu'on lui demandait de faire pour illustrer son propre papier. Les exceptions, rares, étaient légitimes : une charte est jointe à cet accord et stipule qu'une photo toutes éditions (reportage ou IG) ou de une ne doit être réalisée que par un photographe professionnel. Si l'accord n'est pas appliqué c'est que personne ne s'est soucié de le faire appliquer. Sans doute parce que, par endroit il était inapplicable puisque dévoyé d'entrée – à Grasse qui n'a plus aucun photographe professionnel rattaché, comme à Menton qui n'en a plus qu'un demi.
Alors certes cet accord était imparfait, un « pis aller » que le SNJ et la CGT n'ont signé que pour éviter le pire : à savoir que la direction fasse de la polyaptitude une règle pour ceux – les 2/3 de la rédaction – qui ont signé un contrat de travail de polyaptitude. Preuve qu'il n'était pas si inopportun que ça, la direction aujourd'hui agite la dénonciation de l'accord des rédacteurs photos... dans l'espoir de revenir à la seule contrainte du contrat de travail, à savoir tous les rédacteurs peuvent être amenés à faire toutes les photos et ceux, sans rétribution aucune. Quatre-cents euros par an c'était insuffisant sans doute.
Mais zéro euro pour faire toutes les photos et envoyer ainsi au chômage ou en reconversion les 2/3 des photographes professionnels de l'entreprise, c'est effrayant. Et surtout intolérable.

Le Desk
La question à poser compte tenu des effectifs du Desk est simple : quel est le nombre maximal de pages qu'un « SR » peut monter en respectant les horaires et en réalisant un véritable travail journalistique sur la page ?

Dans le Var, il convient de noter les disparités entre les gens du Desk en terme d'indice, de paiements d'heures de nuit, etc.
Il est inadmissible qu'un CDD à l'indice 95 mette une page en BAT. Uniers et SR de var-infos sont régulièrement des postes occupés par des CDD. Il convient de régulariser les indices en conséquence, tout comme il est nécessaire de rattraper progressivement les écarts entre la grille CDD et la grille CDI.
Par ailleurs, les effectifs du Desk Var doivent être stabilisés par les titularisations des CDD en poste. Ces disparités participent au mal-être d'un service qui, malgré tout, fonctionne, mais empêche les SR de prendre confiance dans leur rôle.
Enfin, le Desk Var mérite d'être rassuré sur son avenir face aux rumeurs de « rapatriement » vers les A-M ou autre « dislocation ». Le SNJ avait demandé à la direction de la rédaction de s'exprimer auprès des SR en ce sens. Cela n'a pas été fait. Doit-on craindre que l'une de ces rumeurs se vérifient ? Et si la « dislocation » était retenue pour un retour en agence, quelle garantie sur l'effectif ?
Il serait en effet illusoire de croire que les agences pourraient assurer les remplacements du SR lorsque celui-ci sera en repos hebdo ou en congés.

Dans les Alpes-Maritimes, quand sera pris en compte le constat unanime voté, jeudi dernier, par l'ensemble des chefs d'agences et les secrétaires de rédaction? Réunis par la direction des rédactions, suite au mouvement de colère du Desk des AM de la semaine précédente, les uns et les autres ont conclu à l'échec du Desk et réclamé « pour le bien de l'info » la réintégration des SR au sein des équipes rédactionnelles dans les agences.
De nombreux problèmes « techniques » ont surgit depuis la création des nouvelles formes dans millénium, il y a deux mois (bloc standard sans sous-titre, alors que la nouvelle formule le prévoit par exemple ; feuilles de styles vérolées dans la bibliothèque, formes par défaut très mal groupées, raccourcis clavier pour appliquer les styles disparus, écart entre le lignage « Editor » et le lignage « Millenium ».
Il aura fallu le mouvement de mécontentement des SR du Desk du lundi 12 octobre pour que la direction de la rédaction comprenne que ces nouveaux problèmes devaient absolument être résolus, car sources supplémentaires de mauvaises conditions de travail. Ils sont actuellement en cours de traitement.

Perspectives de carrière et gestion de l'humain
La carrière d'un journaliste a Nice-Matin, comme dans toute la PQR évolue en fonction d'une grille indiciaire nationale. C'est la grille PQR. Chaque indice y correspond à une fonction. Force est de constater aujourd'hui que cette grille n'est pas appliquée: chef d'agence ou adjoints qui ont des indices de stagiaires. Uniers qui n'ont même pas l'indice d'un SR débutant. Journalistes confirmés qui plafonnent à l'indice de base de la profession savoir 120 ou 130 après vingt ans de carrière, etc. Il est « urgentissime » de mettre à plat cette situation.
La situation salariale des « ex-CDD » qui ont été titularisés est également une pierre d'achoppement. Certains d'entre eux n'ont pas bénéficié du rattrapage du salaire maison (PQR + 30%) auquel il pouvait prétendre dés leur passage à l'indice 107.

Ligne rédactionnelle et éditoriale
Il est certes coutumier que la rédaction « se plaigne » de ses conditions de travail, toujours plus malmenées... Mais c'est sans doute la première fois que la rédaction dans son ensemble, s'interroge autant sur la ligne éditoriale et rédactionnelle.
Aussi reposons-nous ici la question fondamentale : sommes nous encore des journalistes au sens noble du terme ? Dans le Var plus particulièrement, de nombreux « épisodes » rédactionnels (le dernier en date étant le drame frôlé à La Ciotat, ou encore « Fréjus au bord de l'explosion » alors que les émeutes, bien traitées par la rédaction, ont pris fin depuis 48 heures) laissent à penser que l'on ne se pose plus de questions sur la valeur d'une information. A survendre, on déçoit, irrite, arnaque le lecteur à qui « on ne la fait plus ». Quand par exemple, des milliardaires russes rachètent un domaine dans un petit village des Alpes-de-Haute-Provence, pourquoi titre-t-on à la Une « Les Russes rachètent Entrevaux »? Où aucun milliardaire moscovite n'a jamais mis les pieds. A Entrevaux, Nice-Matin a perdu une grande part de sa crédibilité : le titre outrancier avait mis le village en émoi jusqu'à ce que nos lecteurs se soient rendus compte qu'il était dénué de toute fondement ! Alors, on pourra toujours nous dire qu'Entrevaux ce n'est qu'une cinquantaine de lecteurs par jour... mais la presse régionale est-elle en si bonne santé qu'elle prendre le risque de perdre ne serait-ce qu'un lecteur ?
Quand on réalise une enquête sur la sécurité dans les trains, pourquoi titre on « Train de nuit : les voyageurs ont peur » alors qu'à la tourne aucune témoignage, aucune info ne vient confirmer cette psychose ?
Les équipes dirigeantes ne mettent plus en perspective les faits, ne prennent pas le recul nécessaire sur l'information. Résultat : on fait du « racolage » à la une, et on donne des informations incomplètes (on trouve souvent, régulièrement, la suite du sujet dans l'édition du lendemain. Ce fut le cas pour le TER à La Ciotat, mais aussi le prothésiste dentaire dans le Var. Est-ce bien normal ?)
Mais le plus grave, et sans grossir le trait, est que l'on place un accident de TER sans victimes, sur la même échelle de valeur, (car le même traitement dans le journal) que le tremblement de terre en Italie, qui a fait des centaines de morts.
Dans le même temps, l'info de proximité - celle qui ne nous permettra, certes pas de décrocher le Pulitzer, mais celle qui fait vivre l'entreprise – est sacrifiée dans nos éditions du dimanche, comme elle le fut cet été avec le journal de l'été. Et lorsque les rédacteurs sans ou avec grade font remonter la « grogne » de nos lecteurs ou des diffuseurs, non pas par désir de « rupture pour la rupture », mais parce que l'avenir de l'entreprise leur importe, la seule réponse qui leur est faite ressemble à « proposez toujours, nous on dispose comme on l'entend ».
Vous remarquerez que nous ne parlons pas là des « liens » de nos titres avec les élus UMP. En ce point, nous avons bien compris être subordonnés aux représentants de l'UMP. Se pose néanmoins une question fondamentale : que se passera-t-'il si l'un de ses élus « se manque » en terme politico-judiciaire ou autre ? Quel traitement aura-t-on le droit de donner à l'information, si tant est que l'on est le droit de traiter ?
Nous ne parlons pas non plus des moyens matériels donnés (ou plutôt retirés) à la rédaction. A titre d'exemple : le service sports Var ne dispose plus de l'abonnement à la chaîne Rugby +... Pratique non lorsque l'on demande à un rédacteur de faire un « télévu... » ?

A la lecture de ce document, le SNJ attend, sinon réclame, une véritable prise en compte des conditions de travail, du mal-être, symptomatiques d'une rédaction qui a perdu tous ses repères. Mais qui continue à œuvrer pour ses titres, parce qu'on ne choisit pas le métier de journaliste par hasard. Le SNJ entend simplement faire respecter les règles fondamentales qui régissent nos métiers, du photographe au secrétaire de rédaction en passant par reporters, chefs d'agence mais aussi directeurs départementaux, rédacteur en chef et directeur de la rédaction.
En substance : que l'on nous dise, exactement, ce que l'on attend de nous. Tant dans l'évolution de nos métiers que dans la ligne rédactionnelle à adopter. Et que le discours soit, pour une fois, en phase avec les actes et/ou les choix de nos dirigeants.

* Ce document a été remis à la direction le mercredi 4 octobre 2009, lors d'une réunion syndicale

Livre blanc : le compte rendu des agences

Voici le compte rendu de la visite du directeur des rédactions et de ses adjoints dans les agences du Var et des Alpes-Maritimes, suite à la parution du « Livre blanc du SNJ ».

Ce « Livre Blanc » en version saison 2 est une vraie photographie de l'état d'esprit de la rédaction: de ses satisfactions, ses inquiétudes et ses attentes que les journalistes ont pu livrer sans détour, et dont nous tentons de nous faire l'écho le plus objectivement possible. Pourquoi, cette suite? Tout simplement parce qu'il est temps de décloisonner la rédaction, de mettre en réseau tout ce qui s'y fait, s'y décide, s'y partage. Et aussi, parce que, suite à la demande récurrente des élus SNJ, un CE extraordinaire sur la politique éditoriale de Nice-Matin sera enfin convoqué à la mi- janvier.

La parole est aux journalistes.

Agence de Draguignan

Les confrères ont sérié la réunion en deux points.

Le positif : plus de clarté et de meilleurs repères pour le lecteur. Plus d'infographies qui éclairent mieux le lecteur. Plus de rendez-vous à date pour le lecteur qui le guident mieux dans sa semaine de lecture.

Le perfectible : des choix éditoriaux qui parfois interrogent. Une double page sur un faux accident de train à La Ciotat, une demi page sur les intempéries dans le golfe dont on parle pourtant dans la France entière (…)

- Le fait du jour justifie-il systématiquement une double page ? L'impression, parfois, que l'on veut plutôt créer l'information que la commenter et l'analyser. (Ex : double page sur La Poste « alors qu'aucun bureau n'est menacé dans notre secteur »)

- Bien que renforcé, le service reportage ne semble pas avoir restreint la pression sur les agences.

- Le secteur de l'est Var a le sentiment de ne véritablement exister que lorsque les files sont vides à l'ouest.

- Une absence globale de légèreté – les traits d'humour sont censurés au Desk. - et à l'arrivée un journal anxiogène.

- Si notre ligne éditoriale est définitivement de soutenir la majorité en place, il faut que cela soit clairement dit plutôt que d'avoir à se battre dès lors que le nom d'un des 4 fantastiques du 83 ou du 06 est prononcé : quelle est aujourd'hui l'indépendance de la rédaction ?

- Les sujets considérés comme anodins sont très souvent ceux qui sont les plus lus. Les problèmes du Desk bien – malgré un léger mieux depuis que les effectifs se stabilisent – n'arrangent rien: rigidité des chefs ; méconnaissance des territoires, de la vie et du travail en agence, tout simplement. (…)

- Les confrères ont aussi évoqué les problèmes internes à l’agence, notamment le stress, les photographes, les correspondants. Ils ont aussi proposé des projets plus adaptés à leur locale.

Et de conclure, « Une agence heureuse qui veut les rester, qui est toute disposée à donner à notre titre la dimension et les ambitions qu’il mérite. »

Agence de La Seyne

Beaucoup de questions ont été abordées au cours de l'entretien.

- Le rôle des chefs d'agence, chargés du travail de relecture (corriger les fautes, appeler les correspondants pour les infos manquantes, faire la titraille, relire la légende photo...) au détriment de l'animation éditoriale.

- Très longuement évoquée la ligne éditoriale : et, notamment, les choix « imposés et inappropriés ». Olivier Biscaye et Denis Carreaux ont tenu à préciser qu'il fallait effectivement être très vigilants, même « s'il faut garder à l'esprit que les faits divers font vendre ». Réponse: tout le monde en a conscience, pour autant les informations survendues à la Une ou en page 2 et 3 ont un effet désastreux, et discrédite notre journal.

- Problème de la pagination fluctuante (particulièrement significatif en septembre et octobre) jugée « très pénalisante » pour nos éditions locales et pour la proximité. D'autant l'édition du dimanche, dans les zones rurales, nous porte un coup terrible.

Agence d’Hyères

Toujours les même sujets. Dans une discussion courtoise, les confrères ont, eu aussi, évoqué la ligne éditoriale, notamment l’indépendance de la rédaction face aux politiques et les sujets survendus qui ne trompent pas les lecteurs. La rédaction en chef a évoqué les difficultés que traversent notre titre et réaffirmé l’indépendance de la rédaction.

- Constat: s’il faut se féliciter de la «titularisation» des CDD, cela ne peut gommer les inquiétudes de la rédaction.

- Il est à noter que, si peu de confrères posèrent de questions lors de ce débat, c’est souvent la conséquences d'un sentiment d'impuissance d'une rédaction qui avoue parfois être désabusée.

Agence de Brignoles

Certains journalistes de l'agence Brignoles n'ont pas manqué de faire part de leur mécontentement face, notamment, à un contexte tendu au niveau des effectifs. Il est en effet de plus en plus difficile d'assurer correctement une charge de travail croissante en étant en moyenne deux rédacteurs par jour (chef compris) et parfois un.

- Il a été, bien entendu, évoqué la présence quotidienne, indispensable aussi, d'un photographe. Ce qui n'est plus le cas depuis quelques mois.

- Invité également à s'exprimer sur le contenu, « nous nous n'avons pas manqué d'apporter des remarques sur la ligne éditoriale et le choix contestable de certains sujets, voire leur amplification racoleuse. » On a eu l'impression d'avoir été écouté par le directeur des rédactions et son adjoint, même s'ils nous ont dressés un état des lieux préoccupant de la presse en général. Ils ont annoncé dans un proche avenir la visite dans chacune des agences, et durant une semaine, d'au moins un cadre de la rédaction aux fins, nous a-t-on dit, de mieux appréhender les besoins et problématiques des uns et des autres.

Agence de Saint-Raphaël

Les vrais problèmes (Desk, pub, fond, forme, titres gonflés et survendus, effectif, collusion avec les politiques...) n'ont pas été abordés, ou alors très superficiellement. « A chaque fois avec la tentation de minimiser ou d'éluder le problème. Nous avons juste demandé comment étaient perçues la nouvelle formule et les rubriques. Au final, nous avons eu le sentiment qu'on faisait semblait de nous écouter, juste pour déminer le terrain. ».

Agence de Saint-Tropez

Tout d'abord , il a été question des effectifs. (…) La rédaction tropézienne comptait 7 rédacteurs et un photographe à temps plein. « Elle est aujourd'hui plumée : 5 rédacteurs et un photographe de moins en moins là (par exemple en décembre, le photographe n'est à Saint-Tropez que 7 jours et remplacé que 10 jours par des correspondants). Le reste du temps, ce sont les rédacteurs qui font les photos. Donc, le plus souvent, il n'y a que 2 rédacteurs (le chef d'agence doit faire les pages, tenir la main du Desk toute la journée, et gérer l'agence) en poste au quotidien, (parfois 3). Dès lors, faire deux leaders par jour (car l'édition ouvre avec Saint-Tropez et un leader de professionnel sur Sainte-Maxime, la plus grosse ville du golfe) est un miracle quotidien.

Conséquences: « Nous ne sommes plus sur le terrain, nous sommes mauvais en faits divers car nous n'avons quasiment jamais le temps d'aller voir les pompiers et les gendarmes. Ce qui nous a valu lors des premières inondations de Sainte-Maxime un « magnifique » ratage au niveau de la photo (rien en direct) et une centrale de une AFP le lendemain. (…) » La rédaction tropézienne est épuisée, quelques uns d'entre-elle veulent d'ailleurs quitter l'agence.

Le directeur de la rédaction nous a beaucoup écoutés et pas entendus. Il a dit qu'il savait tout cela mais qu'il n'était ni magicien ni Le Père Noël, et donc qu'il n'a pas de solution. Il a annoncé pour 2010 des projets et des réorganisations, sans en dévoiler davantage. Il a remis sur le tapis la nécessité que les rédacteurs fassent les photos. Il a beaucoup insisté sur le manque de rigueur de la rédaction (...) Nous sommes évidemment déçus mais pas surpris par le discours de la rédaction en chef. Compte tenu de l'heure de sa visite (17 h au lieu de 16h), les questions sur le fond n'ont pas été abordées : les faits divers sur-dimensionnés, le poids de l'UMP qui demande et obtient facilement les têtes des journalistes non complaisants, etc. Autre inquiétude, les ventes à compte ferme érigées en mode de vente quasi normal et évident, alors que c'est avec de la bonne information qu'on vendra le mieux le journal au numéro, seul indicateur « honnête » de notre taux de pénétration.

Agence de Cagnes-sur-Mer

Discussion a été « plutôt franche ». Avant la réunion de rédaction de l'agence, l'équipe cagnoise a souhaité remettre une série d'observations:

JOURNAL DU DIMANCHE : beaucoup de retours de lecteurs insatisfaits sur le terrain et à l'accueil. « Les infos locales leur manquent ». Certains prennent des abonnements de 6 jours au lieu de 7. (…) Où est la proximité ? Les 24 h express: Quelle hiérarchisation le dimanche. Réponses du siège : « j'y suis pour rien, je gère rien, c'est pas moi qui décide ».Cagnes n'est jamais prioritaire. (…) Problème des rédacteurs qui vont sur un reportage le samedi et n'en font rien ou pas grand chose : frustration de l'interlocuteur et du journaliste.

A-M : Traitement politique trop complaisant. Image du journaliste s'en trouve écornée sur le terrain et avec les interlocuteurs institutionnels.

-Problème des pubs institutionnelles (ex : CG ou mairie de Nice) qui apportent de la confusion entre le rédactionnel et la publicité.

- Empilage des infos, pas de choix éditoriaux.

- Problème des sujets commandés qui ne passent pas, ou avec du retard. (…)

- Aucun débat avec les AM, pas d'échange sur les sujets ou les commandes de sujet. Exploitation exagérée de certaines infos. Ex: les miss sur-couvertes /4 journalistes monopolisés, 20 pages sur dix jours. On fait deux pages sur Me de Fontenay et une seule sur le débat SIDA.

- Correctionnelle du tribunal de Grasse plus assez couverte. On n'a plus de compte-rendu d'audience et peu d'infos en provenance du parquet. Pire qu'avant la cellule.

- UNE : Titre jamais situé Trop peu de titre de locale ou très peu pour l'agence de Cagnes

- Titres exagérés, pas crédibles par rapport à la réalité du papier (surtout pour les faits-divers). Impression d'un journal trash dans lequel les journalistes et pas mal de lecteurs ne se reconnaissent pas. Image du journal en souffre.

- PHOTOGRAPHES: L'agence de Cagnes est une vraie agence avec un secteur géographique étendu. Un photographe professionnel par jour (toute la journée !) est un minimum pour une couverture correcte des sujets. Manque de remplaçants du photographe titulaire. (...)

SR : A maintes reprises, souhait de l'équipe de voir le SR revenir en agence pour faciliter le travail.

LOCALES : On souhaite davantage de discussion entre la direction et l'agence sur le traitement des sujets (ex. Téléthon). Sentiment de décisions unilatérales sans concertation possible. (...)

SPORTS : le sport locale est une priorité de la rédaction en chef. Il est assuré avec professionnalisme à l'agence de Cagnes... par un correspondant. Il est grand temps de titulariser le poste pour encore développer ce créneau porteur. (...)

CORRESPONDANTS : Tous les signaux adressés aux correspondants sont faits pour les décourager et les éloigner du journal. A nous, sans cesse, de les remotiver, alors que leur rôle est plus jamais indispensable à notre fonctionnement. (...)

CADRE DE TRAVAIL : : ll y a un an lors de la tournée de la rédaction en chef, on nous disait : un coup de peinture ? Oui, dès lundi... Depuis, rien. Sans parler des cafards et moustiques qui infestent le lieu.

Agence d'Antibes

Réunion ... agitée. Au-delà d'un éclat verbal sur l'édition du dimanche, la plupart des problèmes qui font débat ont été abordés : manque de titres locaux à la Une, faits du jour décevants, traitement hallucinant du député-président du conseil général et du ministre-maire de Nice dans le journal, malaise d'une rédaction au « taquet ». Et aussi l'impression que le directeur des rédactions n'écoute que lui-même. Lors de cette réunion le directeur des rédactions a écouté... Les confrères espèrent qu'il ont été entendus.

Agence de Grasse

Les confrères ont évoqué les problèmes rencontrés à l'agence, sur le contenu du journal et sur les projets pour 2010.

Concernant le premier point, hormis les problèmes d'effectif qui sont les plus importants et que le directeur de la rédaction a promis de prendre en compte (C'est chose faite en partie avec la titularisation de Fabien P), la discussion a roulé sur les problèmes techniques et informatiques.

- Le relationnel avec le DESK a aussi été évoqué. Et le souhait unanime est celui d'une retour des SR de proximité dans les agences même si « le directeur des rédactions ne semble pas convaincu de l'intérêt d'une telle mesure. »

- Sur le contenu du journal, l'avis de la rédaction est qu'il est plutôt mieux qu'avant (plus clair, mieux présenté, le contenu restant de qualité) mais se pose le problème du dimanche avec l'absence des locales.

- Sur les projets, rien de particulier à signaler : « nous avons précisé que pour les atteindre, par exemple développer l'actu villages, il faut davantage de monde. Là encore, le directeur de la rédac nous a spécifié qu'il était parfaitement au fait de la situation et que nous étions pour lui une sorte de priorité en terme d'effectif. Sur la prise de photos par les rédacteurs, le directeur de la rédac tient à ce que tout le monde s'y mette. Des confrères lui ont dit qu'il s'agissait d'un métier à part entière et que, de plus, cela constituait une charge nouvelle, lourde à supporter pour ceux notamment qui assument déjà l'encadrement et la rédaction. »

- « Le sentiment général est plutôt positif après cette visite, même si l'on sait pertinemment que tout ne sera pas réglé en un jour. »

Agence de Nice

Les sujets abordés lors de cette réunion ont été une meilleure couverture de la locale, (couverture géographique, quartiers, vie des commerces, des entreprises (micro-économie), petites manifs, multiplier les rubriques échos. Une interactivité via le courrier des lecteurs. (…). Mais aussi l'actualité : la page A est souvent une fausse ouverture, le dossier est abordé en B-C, il faut veiller à ce que le sujet soit de l'actu à J+1, ou à un sujet d'anticipation. Pourquoi pas un bon FD niçois ? Il faut plus de réactivité dans l'actu pour faire face à la concurrence des gratuits. En sports, ce n'est pas la matière qui manque pour en faire 2. Le pro n'est pas remplacé pendant les congés. Justice. La correctionnelle n'est pas toujours couverte faute d'effectifs.

Les objectifs évoqués ci-dessus ne peuvent pas être atteints, si l'on ne se donne pas les moyens en effectifs et en organisation.

Les quartiers doivent être renforcés pour la micro-locale, faire appel à 6 correspondants répartis sur la ville (…). Les journalistes de locale veulent être d'avantage dans les quartiers, mais ils doivent avoir le temps, or les effectifs sont encore beaucoup mobilisés sur l'actu départementale. Actu : toutes les forces de la locale doivent être concentrées en priorité sur l'actu niçoise. (…).

L'organisation a aussi été abordée. Il faut un chef à la locale de Nice. Un capitaine assisté de deux adjoints. Il faut faire des choix dans l'actu pour faire face à la baisse des effectifs. Les tableaux de services sont surchargés et les localiers ont le sentiment de se disperser et de travailler dans l'urgence.

La cellule faits-divers. Elle fonctionnait à plein régime à 4. Elle devait passer à 5. Comment peut-elle remplir sa mission à 3 ? C'est la locale qui est de garde les week-end et la nuit.

La cellule reportage (7 journalistes à sa création). Elle était prévue à des journalistes expérimentés de se concentrer sur les dossiers départementaux et dégager les localiers (...) Or, les localiers continuent à intervenir dans les pages Côte d'Azur. Donc pas sur les quartiers que personne ne couvre.

Institutionnel et sensationnel. Nos rapports avec les politiques ne nous permettent pas d'aborder en toute sérénité les sujets qui fâchent. Des sujets qui sont attendus par nos lecteurs. Quelle crédibilité pour Nice-Matin ? Attention aux titres racoleurs qui ne correspondent pas aux contenus des articles. Il faut être « honnête » avec nos lecteurs. Les confrères, très préoccupés par les chiffres des ventes, estiment, plus que jamais nécessaire, de tenir le cap de la proximité, même le week-end. Retrouver la locale le dimanche, car le samedi est très riche en infos.

Pour le « capitaine d'agence », le directeur de la rédaction a répondu que le directeur départemental restera à la tête de la locale jusqu'à la mise en place de la nouvelle édition de Nice.

Pour la « collusion » avec les politiques et leur présence dans nos colonnes, (maire de Nice, président du CG), indépendance, papiers censurés le directeur de la rédac a reconnu « que sans la manne financière, ce n'aurait pas été 46 départs à la rédaction (...). »

Lumix abusif. Le directeur de la rédaction nous a reproché de ne pas être assez visible sur le terrain, affirmant que les institutionnels lui faisait régulièrement remonter que nous ne couvrions pas certains événements. Et que nous pouvions trouver une « perle » en allant à l'inauguration d'une agence bancaire.

Nouvelle locale. Avec plus de pages. OK, mais avec quels moyens ? Nous avons déjà du mal à assurer. Réponse « Selon la qualité de votre projet je vous appuierai au niveau des moyens [sans plus de précisions]. Puis de préciser : « qu'en 2010 et 2011 il n'y aurait aucun rentrant. » L'avenir des photographes pros a été abordé, mais le directeur de la rédaction n'y a pas répondu, préférant évoquer la longueur de certains papiers [sans les nommer] qui rognent sur les photos.

Pour conclure, les confrères ont ensuite déjeuné ensemble et ont évoqué la réunion. « Personne ne sautait au plafond. Sans illusion.».

Agence de Monaco

La réunion a duré deux heures et a laissé « une impression plutôt bonne ». Même si, le rappel s'est fait annonçant que 2010 sera l'année de « rigueur ». A la demande d'un poste supplémentaire pour augmenter le rayonnement de l'agence, le directeur de la rédaction a précisé que ce n'était pas à l'ordre du jour. Comme plus généralement les embauches dans les années à venir.

Même réponse sur les besoins de pagination supplémentaire récurrents sur l'édition monégasque. Le directeur de la rédac préfère un choix « de papiers plus courts, mieux articulés, avec une pré-assignation » pour calibrer les pages.

Concernant les spécificités monégasques, la direction a fait preuve, pour une fois, d'une attentive écoute. Prenant « pleinement en compte » les caractéristiques d'une ville-état, où les habitants sont particulièrement attachés aux valeurs, dont Monaco-Matin fait partie. D'où l'attribution de deux pages monégasques dans l'édition commune du dimanche. Et une réflexion quant au positionnement des pages locales de Monaco dans l'édition et de son interaction avec les pages de Menton et du littoral niçois. Un bon point apprécié par les rédacteurs de l'agence (NDLR: mais qui laisse pantois: les monégasques seraient donc les seuls à être vraiment attachés aux informations locales pour avoir le droit d'en retrouver enfin dans leur journal du dimanche!).

Agence de Menton

Les confrères ont évoqué l'édition du dimanche: « bon nombre de lecteurs mentonnais réclament le retour de quelques pages de locales. »

- Problèmes avec le Desk. Menton est a seule agence à ne pas avoir de SR attitré. Pour faire les pages, ils ont parfois jusqu'à 4 SR différents le même jour. Ce qui n'est pas très pratique (NDLR: doux euphémisme ».

- Ils ont aussi longuement discuté du site Internet en demandant à ce qu'il y ait une modération beaucoup plus importante ainsi qu'une meilleure visibilité des secteurs (ex. : trouver plus facilement Menton ou Antibes sur la page de garde). - Nous avons enfin évoqué les problèmes de rupture de bassin de vie dans notre éditionnement avec des pages de Monaco qui ne se trouvent pas dans Menton et vice versa. L'exemple de l'édition de l'été a été ressorti avec l'aberration de trouver Cagnes, Nice... et pas Monaco dans notre édition. -L'harmonisation des indices a aussi été évoquée.

Agence de Cannes

Plus de quatre heures d'échanges, fermes mais courtois. Nombreux exemples à l'appui, la rédaction a fait part de ses réserves sur le fonctionnement du Desk, le traitement des faits-divers et des sports, les relations avec les annonceurs institutionnels, la couverture photographique.

En réponse, le directeur de la rédaction a martelé que « 2010 sera l'année de la rigueur éditoriale » et de la renégociation, au 31 mars au plus tard, de l'accord photo sur la base de tables rondes réunissant toutes les composantes de la rédaction.

Le directeur a aussi annoncé le lancement d'une édition spéciale hebdomadaire « Nice-Matin campus » à destination des sites universitaires, un accroissement de la pagination pour la locale de Nice à compter de mars « pour reconquérir les quartiers et les sports de locale »/, un relookage des pages dominicales « AM express » relayé par une campagne de promotion, l'organisation d'une réunion interne au service des Sports et la nomination d'un « unier » en janvier.

De son côté Denis Carreaux a plaidé pour une remise à plat de la « stratégie d'alimentation du site Internet par les agences » qu'il juge cacophonique.

S'agissant des collectivités locales qui génèrent 20 % de notre chiffre d'affaires publicitaire, le directeur de la rédaction nie toute contrepartie rédactionnelle. Toutefois « l'objectif est clairement de réduire la masse des institutionnels », prétend le directeur de la rédaction qui exige désormais que « toute jaquette politique (lui) soit soumise » avant parution afin d'éviter toute confusion. Il promet enfin de « poursuivre l'ouverture politique à l'occasion des élections régionales » en instaurant notamment des rencontres entre candidats et lecteurs arbitrées par des journalistes.